"Vous voulez les pauvres secourus - je veux la misère abolie"
Victor HUGO.

mercredi 18 août 2010

Pakistan, la catastrophe du siècle ?


Si le traitement médiatique des inondations au Pakistan s'intensifie encore, et même si les superlatifs ne manquent pas ces derniers jours pour décrire la catastrophe, les écris et les analyses sur le sujet restent toutefois peu nombreux. La polémique pourtant est venue, une fois n'est pas coutume, du coté de chez MSF. Alors que les questionnements et réflexions se portent sur le peu de mobilisation des français pour cette crise¹, Rony Brauman, l'ancien président de Médecins Sans Frontières, déclarait lui, lundi 17 août, dans France Soir, que parler de "catastrophe du siècle" au Pakistan est "stupide" et il regrette cette surenchère permanente de catastrophisme. Je vous propose de lire son argumentaire

Pascal Boniface reprenait à son compte les arguments de Monsieur Brauman, le lendemain, dans l'émission C dans l'air sur France 5, pour mettre en avant les risques de détournements politiques qui pouvaient expliquer cette surenchère. Il rappelait pour exemple le bilan limité du Secrétaire Général des Nations Unies, et indiquait qu'il était fort possible que monsieur Ban Ki Moon trouve son compte dans l'exagération de cette catastrophe. Et les candidats à la récupération politiques et stratégique ne manquent pas lorsque l'on parle de ce pays. Comment ne pas penser que lorsque Nick CLEGG qualifie la mobilisation internationale en faveur de Pakistan de "pitoyable", qu'il cherche à nuancer les propos précédents David Cameron lors de son voyage en Inde.

Nombreux sont à ce titre ceux qui insistent dores et déjà sur l'avenir incertain des populations pour les prochaines années en raison de la disparition d'une partie des moyens de productions du pays. L'intérêt d'autres Etats de s'impliquer dans de telles problématiques est compréhensible, les enjeux politiques (voir économiques) ne manquent pas. Pourtant c'est également le cas de certaines organisations humanitaires qui insistent sur la nécessité d'obtenir des fonds pour le permettre une stratégie à long terme. Je ne reviens pas sur l'importance que peut revêtir le soutien des Etats et des ONG au gouvernement pakistanais et aux différentes formes de secours nationales, pour répondre aux besoins de premières urgences. Mais si les organisations humanitaires peuvent répondre temporairement aux besoins en abris, nourriture, et en soins, elles s'aventurent là sur le terrain de mesures politiques, d'organisation de la société, d'aménagements économiques et d'objectifs qui dépassent de loin ceux des secours immédiats. 

Je me demande dans quelle mesure il serait du rôle des organisations humanitaires de s'impliquer dans ces politiques de développement ?  Les enjeux et les priorités liés à ces décisions sont, à mon sens, d’abord l’affaire des autorités locales, nationales, ainsi que de la population concernée. 

1. Lire l'article de Youphil, "Pakistan pas assez sexy pour les donateurs"

1 commentaire:

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