"Vous voulez les pauvres secourus - je veux la misère abolie"
Victor HUGO.

samedi 24 novembre 2012

Capacité de choisir, capacité de comprendre.


Depuis le 31 octobre, les usagers du métro parisien ont pu découvrir la nouvelle campagne choc de communication du HCR, le Haut Commissariat aux Refugiés des Nations Unies. Attirant l'attention sur le sort des réfugiés, cette campagne intitulée "Dilemmes"évoque des scènes de conflits et cherche à décrire les choix difficiles auxquels les réfugiés sont confrontés. Insistant sur le coté déchirant de la situation, le HCR affiche ouvertement sa volonté de créer l'empathie chez le spectateur.

Néanmoins, il me semble que l'on dépasse ici la figure classique de la victime définie par son état. Tout en jouant sur l'empathie, la démarche va plus loin que la simple recherche du "pathos" comme c'est  trop souvent le cas dans la communication des organisations humanitaires. 


Encore récemment en effet, Action contre la Faim diffusait un spot télévisé pour le moins misérabiliste, jouant sur les sentiments du donateur. En l'occurrence en cherchant à le culpabiliser - à tort -, pour des souffrances qui ne sont pourtant pas (directement) de son fait. Un stratégie malheureusement dénuée de volontés pédagogiques ou explicatives. 


Dans la nouvelle campagne du HCR, l'individu est cette fois, de manière appréciable, replacé et défini par rapport à un context et une situation. Bien que restant simpliste sur l'alternative proposée: mourir ou être torturé, le HCR vient remarquablement rappeler un élément constitutif de l'action humanitaire que Rony Brauman mettait en évidence dans cette définition: 
"L’action humanitaire est celle qui vise, sans aucune discrimination et avec des moyens pacifiques, à préserver la vie dans le respect de la dignité, à restaurer dans leur capacité de choix des hommes qui en sont privés par les circonstances.

En théorie, au sein d'une campagne, une information de base par le biais d'autres vecteurs (presse, documentaires, conférences, etc.) devrait étayer la sensibilisation primaire. Mais les ONG ont de plus en plus de mal à fournir, parallèlement aux spots, une information détaillée en dehors de période de crise. Dès lors, opter pour une véritable démarche de communication qui mette à plat les causes structurelles ou conjoncturelles de la crise et valorise le travail d'une ONG, devient difficile à résumer en 30 secondes. Mais je persiste à croire que c'est parce que l'on a rendu l'information indisociable de l'émotion que nous nous en sommes désintéressé, et que la recherche du pathétique n'est pas la solution mais la cause du problème. Un retour à l'information s'impose! 







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