"Vous voulez les pauvres secourus - je veux la misère abolie"
Victor HUGO.

dimanche 19 décembre 2010

Les petits secrets du CICR.

Si la confidentialité n'est pas un des 7 principes du mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant rouge, elle est une des règles phares du CICR pour respecter ces principes et mener à bien ses activités auprès des différents acteurs qu'il rencontre. Une règle phare, peut-être pas toujours si bien respectée que ça...


Le directeur adjoint des opération du CICR, Dominik Stillhart, avait répondu à une longue et très intéressante interview sur le sujet que l'on peut consulter en première page du site web du comité international depuis le 24 septembre 2010, et que je vous invite à lire. Sous le titre interloquant de: "La confidentialité un principe essentiel mais pas absolu", il nous rappelait que la confidentialité est la clé qui leur permet d'ouvrir des portes qui, sans cela, resteraient fermées, et qui leur donne accès à des zones et des populations que beaucoup d'autres organisations ne parviennent pas à atteindre. Ce "pas absolu" quant à lui venait souligner que le CICR se réserve toutefois le droit de s'exprimer publiquement dans des circonstances exceptionnelles, notamment lorsque les modalités d'interventions habituelles ne permettent plus de répondre à des situations inquiétantes. La décision du CICR de sortir de sa réserve n'est jamais prise à la légère déclarait t'il, mais il ajoutait que la confidentialité n'est pas un principe absolu afin de répondre aux reproches de certains. 

Oui, mais ce "pas absolu" vient  trouver un écho un peu embrassant dans l'actualité. En effet le site web Wikileaks révélait, par l'intermédiaire du British Daily Guardian que des diplomates américains auraient été directement informés par des délégués du CICR de cas de mauvais traitements, d'électrocutions ou d'abus sexuels commis à l'encontre de prisonniers détenus par le gouvernement indien au Kasmir en 2005. Bien entendu les informations récoltées par les délégués du CICR ne doivent pas rester enfermées dans des dossiers et doivent faire l'objet d'échanges avec les intervenants directement concernés. Mais exclusivement ceux-ci si l'on recherche la confidentialité, et non à des tiers personnes comme se serait le cas si ces informations ont réellement été transmises à des diplomates - quand bien même ceux-ci auraient pu avoir une influence.

Toujours d'après Wikileaks et le British Daily Guardian ces délégués auraient même exprimé leurs frustrations vis à vis du gouvernement indien qui "n'agirait pour mettre fin à la persistance des mauvais traitements sur les détenus". Un cas intéressant de remise en cause du principe de neutralité, que le CICR étudie aujourd'hui pour en établir la véracité. 

Lorsque des conclusions confidentielles du CICR viennent à tomber dans le domaine public, ce sont les personnes bénéficiaires de son action qui risquent d'en souffrir le plus. Et dès lors on pourrait s'interroger longuement sur la décision de Wikileaks d'avoir rendu publiques ces informations. Pour ma part, et comme  Dominik Stillhart je suis persuadé que le CICR, par son approche confidentielle, peut avoir une véritable influence sur certains acteurs. Mais les délégués du comité international le disent: "la confiance ne se gagne pas du jour au lendemain. Il faut du temps, du dévouement et de la détermination pour instaurer un dialogue constructif avec des acteurs qui n'ont souvent pas envie d'entendre ce que nous avons à leur dire". Dès lors tout est dit, quand on recherche la confiance il faut en prendre soin, même dans les plus petits secrets. 

1 commentaire:

  1. A titre d'information, le CICR n'a pas été le seul acteur humanitaire mentionné dans les documents diplomatiques américains publiés par le site internet wikileaks - retrouvez ici le démenti de Médecins Sans Frontières quant à sa prétendue participation aux essais cliniques du laboratoire Pfizer au Nigeria en 1996.

    http://www.msf.fr/2011/01/05/1912/les-fausses-accusations-de-pfizer-contre-msf/

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