Les deux associations françaises, "Première Urgences" (P.U) et "Aide médicale internationale" (AMI) annonçaient le 1er Avril dernier leur fusion au sein d'une seule et même organisation PU-AMI. Thierry Mauricet, le directeur général de cette nouvelle association expliquait, dans un entretien accordé au siteweb Grotius.fr, les raisons de ce rapprochement, justifiées en partie par les besoins financiers d'AMI. En difficultés économiques et cherchant à donner un nouveau souffle à l'association, "Aide médicale internationale", de plus en plus tournée vers des activités de post-urgence/développement, c'était ainsi vue conseiller un rapprochement avec une structure d'urgence. Cette fusion, que PU-AMI qualifie d'inédite dans le milieu humanitaire-1, évoque chez moi la question plus large du lien et/ou de la frontière entre "humanitaire", post urgence et développement.
-1. La fusion entre Atlas Logistique et Handicap International le 1er juillet 2006 constitue pourtant un précédant de taille.
-1. La fusion entre Atlas Logistique et Handicap International le 1er juillet 2006 constitue pourtant un précédant de taille.
La question n'est évidement pas nouvelle. Elle était présentée par Rony Brauman, ancien président de MSF, comme ayant pour origine la dichotomie dans les fondements de l'action humanitaire moderne, entre médecine militaire d'un coté et médecine des services de santé coloniaux de l'autre. Un modèle de crise et un modèle de développement, se recoupant à de nombreux points de vues techniques, mais qui d'après lui se distinguent dans leurs objectifs: le premier cherchant à combler partiellement le vide causé par la violence, le second cherchant à participer au remodelage des société. Un paradigme qui fut le point de départ à l'origine de différentes formes d'actions.
Toujours selon Rony Brauman, si certaines ONG, ont fait le choix d'inscrire leurs actions principalement dans le cadre de crises liées aux conflits, cela n'enlève rien au fait que d'autres contextes soient tout aussi importants sur le plan des besoins. Néanmoins le modèle de "développement" implique un statut d'auxiliaire des pouvoirs publics qui vient entraver le principe d'indépendance des associations. Une contrainte qui compromet sérieusement la réunion de ces deux courants au sein d'une même association. Mais la question continue d'agiter les grandes ONG humanitaires. Certaines voix rappellent aujourd'hui le principe d'impartialité pour que l'assistance soit portée aux personnes les plus gravement et les plus immédiatement en danger et mettre en garde contre d'éventuelles dérives liées à un dogme de l'urgence.
Il me semble important de revenir ici sur la confusion qui c'est installée sur la notion d'"humanitaire" et qui vient parfois entraver ce débat. Le terme "humanitaire", en effet, est devenu si courant que de nombreuses organisations se réclament de "l'humanitaire" parce qu'elles interviennent sur les conditions de survie des populations et sur leur vulnérabilité, en toutes circonstances. Il me semble important de rappeler qu'en droit international humanitaire, le terme "humanitaire" s'applique à la protection des civils dans le cadre d'un conflit armée et dont la vulnérabilité des ces populations est le résultat de ce conflit. En d'autre terme, les opérations humanitaire sont qualifiées "humanitaire" parce qu'elles traitent de la survie et de la dignité de groupe spécifiques dans le cadre de conflits armée, apportant une aide adéquate pour que ces groupe puisse faire face à ces vulnérabilités.
Loin de n'être qu'une simple lubie de juriste, cette différenciation a un objectif précis. Celui de créer un espace, l'espace humanitaire. Un environnement où les acteurs humanitaires, peuvent apporter assistance et protection et où s'établissent les principes fondamentaux du DIH notamment celui d'humanité. Mais cette espace est mis sous pression ces dernières années par l'intervention d'autres acteurs, dont des organisations apportant à la fois une réponse humanitaire et de développement. Offrant de la nourriture et des abris aux populations réfugiés lors d'un conflit mais aussi dans le même temps ouvrant des cursus de formations (nécessairement emprunt des perspectives partiales, morales et historiques) et/ou cherchant à opérer au renforcement et à l'autonomisation des populations et communautés locales. Une partie de ces activités sont effectivement humanitaires puisqu'elles s'adressent aux besoins relatifs à la survie et à la dignité des ces populations. Mais les objectifs parallèles, de développement ou de reconstruction sont en addition aux opérations humanitaires et n'en relève pas. La question est ici celle de la confusion. Jusqu'à quel point le développement, le renforcement des communautés peuvent se dérouler dans le même espace que les opérations humanitaires sans affecter la perception des belligérants sur la neutralité des ces organisations?
D'importants acteurs de l'aide regrettent aujourd'hui l'existence de cette terminologie arbitraire d' "humanitaire" et de "développement". Notamment aux vues des difficultés qui en découlent dans leurs recherches de financements auprès des bailleurs internationaux. Si le distinguo établi entre urgence et développement peut être sujet à un questionnement pour améliorer le système de l'aide, il me semble indispensable que la distinction entre "urgence" et "humanitaire" soit maintenue, et à plus forte raison celle entre "humanitaire" et développement".
Loin de n'être qu'une simple lubie de juriste, cette différenciation a un objectif précis. Celui de créer un espace, l'espace humanitaire. Un environnement où les acteurs humanitaires, peuvent apporter assistance et protection et où s'établissent les principes fondamentaux du DIH notamment celui d'humanité. Mais cette espace est mis sous pression ces dernières années par l'intervention d'autres acteurs, dont des organisations apportant à la fois une réponse humanitaire et de développement. Offrant de la nourriture et des abris aux populations réfugiés lors d'un conflit mais aussi dans le même temps ouvrant des cursus de formations (nécessairement emprunt des perspectives partiales, morales et historiques) et/ou cherchant à opérer au renforcement et à l'autonomisation des populations et communautés locales. Une partie de ces activités sont effectivement humanitaires puisqu'elles s'adressent aux besoins relatifs à la survie et à la dignité des ces populations. Mais les objectifs parallèles, de développement ou de reconstruction sont en addition aux opérations humanitaires et n'en relève pas. La question est ici celle de la confusion. Jusqu'à quel point le développement, le renforcement des communautés peuvent se dérouler dans le même espace que les opérations humanitaires sans affecter la perception des belligérants sur la neutralité des ces organisations?
D'importants acteurs de l'aide regrettent aujourd'hui l'existence de cette terminologie arbitraire d' "humanitaire" et de "développement". Notamment aux vues des difficultés qui en découlent dans leurs recherches de financements auprès des bailleurs internationaux. Si le distinguo établi entre urgence et développement peut être sujet à un questionnement pour améliorer le système de l'aide, il me semble indispensable que la distinction entre "urgence" et "humanitaire" soit maintenue, et à plus forte raison celle entre "humanitaire" et développement".
très bonne analyse, on verra ce que PU-AMI devient par la suite...
RépondreSupprimer